Humeur Reconversion pâtisserie

La génèse

Il y a des souvenirs qu’on n’est pas prêts d’oublier parce qu’ils sont beaux à en pleurer ou flippants, ou même malheureux comme des cailloux, et puis il y a ces souvenirs qui restent gravés parce qu’ils sont tout simplement le début de quelque chose de tellement plus grand.

Je n’oublierai donc certainement jamais.
C’était en janvier, pour le white day. Je faisais du Japonais au lycée, et pour nous familiariser à la culture du pays, on nous avait demandé de fêter cette célébration.
Là bas, les femmes offrent donc un petit présent comestible un mois avant la saint valentin, et le jour J, les hommes auxquels elles ont fait un petit geste se doivent de rendre la pareille, théoriquement en double.

Je me revois encore me dire tout naturellement que j’avais envie de faire quelque chose de beau et bon.
Je crois que je ne me suis pas posée de question, j’avais déjà vu ma maman faire, ça ne devrait pas être bien sorcier de réaliser quelques biscuits.
Je les voulais glacés, pour que ce soit plus impressionnant.

Dans la cuisine, jusqu’à la tombée de la nuit et plus tard encore, j’avais étalé, cuit, détaillé en formes naïves (coeurs, étoiles, fleurs) et glacé à grand renfort de couleurs et de décors en sucre.
J’étais dans une infinie bulle, oubliant l’heure qui tournait, concentrée sur le résultat que j’espérais. Je voulais voir les yeux briller, je voulais que tout le monde se régale.
J’oubliais qu’il ne s’agissait que de biscuits à la glace royale : c’était un débat de vie ou de mort.

J’ai gravé ce souvenir dans ma tête comme le point de départ de tout ce qui m’a fait trébucher, douter, et finalement atterrir là où j’en suis.
Du japonais au lycée je suis donc devenue pâtissière, en un tour de biscuit et un shoot de passion qui m’est venue, et qui ne m’a plus jamais quittée.
Légèrement, doucement, elle s’est insinuée par cette petite porte que me laissait la peur du futur.

Comme la raison m’y a poussée, j’ai continué mes études, l’histoire vous la connaissez : il a fallu faire une place plus grande à la passion, pousser un peu les plages horaires et finir par en faire un métier, pour pouvoir la laisser grandir et devenir celle qu’elle est aujourd’hui, forte, belle et exquise au quotidien.

Quand je raconte cette histoire de biscuits glacés, c’est toujours avec émotion que je me revois dans cette minuscule cuisine, au milieu d’un foutoir innommable.
J’ai toujours su, même à cet instant, que j’avais noué un lien privilégié avec le sucre et moi-même dans ce drôle de moment presque insignifiant.

C’est un peu cliché de presque pouvoir décrire la rencontre avec son métier, comme une rencontre avec une vraie personne, un souvenir mémorable et un instant remarquable. Des premiers pas hésitants, insignifiants. Je les regarde avec tout l’amour du monde.

Quand j’oublie, sur les chemins du quotidien et de la fatigue, que j’aime mon métier, je repense à mes biscuits, aux yeux qui brillent et au chemin parcouru depuis.
Et je me sens reconnaissante d’avoir suivi la petite voix qui me parlait en hurlant de bonheur en dedans.

Parce que je trouvais important que vous sachiez qu’on ne naît pas toujours avec une passion, et qu’elle peut se révéler dans des moments pleins de banalité …
Alors ne lâchez jamais rien et tendez l’oreille quand votre passion viendra sonner à la porte ; ce serait dommage de la laisser sur le perron.

Mille tendres baisers

Délia ♥

 

16 Commentaires

  • Oh c'est joliment raconté dis donc ! C'est chouette de se souvenir de début de quelque chose, et de réaliser quelques années plus tard le chemin parcouru 😉
    Et sinon j'avais une question, mais d'ordre plus pratique ^_^ Quel trépied utilises-tu pour tes photos ? (Parce que je suppose que tu en as utilisé un, pour la photo qui illustre ton article)

    Voilà, bises 🙂

    Marine (http://www.vivregreen.blogspot.fr)

    • Merci Marine!
      Je pense que tout dépend de notre clairvoyance à ce moment là pour réaliser qu'on est en train de changer au fond de ses tripes, c'est très étrange comme sensation! 🙂
      Haha, non, non j'ai un gogogadgétobras! ;))
      J'utilise un trépieds de la marque tamron, par contre j'ai jeté le carton il me semble donc je n'ai plus la référence! Il est vraiment bien, il pivote de tous les cotés, peut être bloqué à plein de niveaux différents, est très stables, je pense vraiment que c'est le must! (merci le chéri pour ce beau cadeau!).

      Bisous à toi!

    • Même maintenant, c'est resté comme un moteur puissant, même si la volonté de s'améliorer, indépendamment de la gourmandise des autres est devenue très, très présente!!
      Merci pour ta lecture et contente que tu aies apprécié mon petit récit!
      un bisou à toi!

  • Ils devaient être bien jolis ces petits biscuits faits avec tant d'attention !
    Merci pour cette anecdote qui nous montre une fois de plus que le chemin n'est pas toujours droit et qu'il est bon de faire ce que l'on aime !

    • J'aimerais te dire que oui, mais ils n'étaient pas si beaux que ça les pauvres! 😉
      Je crois que c'est moi qui devrais vous remercier pour votre accueil chaleureux concernant cette "anecdote" ;)!!
      Et il faut aussi souligner que peu importe le nombre de fois qu'on doit prendre des virages, l'important c'est justement de toujours faire ce qu'on aime!! 🙂

  • Jolie histoire, je t'envie d'avoir trouvé LA passion qui t'anime car moi à 26 ans je la cherche toujours… Bien sûr, je suis consciente que le boulot que je fais correspond à ce que j'avais décidé ado, et d'ailleurs j'avais vraiment adoré mes études et je ne changerais mon parcours pour rien au monde, mais maintenant que je suis dans le monde du travail depuis trois ans, je me demande si je veux vraiment faire ça toute ma vie…

    Bon, sinon, petit détail qui me chiffonne : le White Day est, il me semble, un mois après la Saint-Valentin. En février, les filles offrent à (ou aux!) l'élu de leur coeur du chocolat (et de préférence, un gâteau maison, si on veut vraiment montrer son affection ET ses talents de cuisinière) et en retour, les hommes doivent, un mois plus tard, offrir à leur dulcinée quelque chose de blanc et théoriquement de valeur trois fois supérieure au chocolats qu'ils ont reçus.

    • On s'en fiche que ce soit le truc d'une vie, même si ça te fait quelques années de bonheur, alors tu as fait le bon choix, pour le moment :)! Je pense qu'on change, nos envies aussi, alors il faut accepter que peut-être on changera de métier!

      Tu as peut-être raison, mes cours de japonais étaient vraiment chaotiques haha! Je vais aller vérifier ça, merci pour la précision :D!!

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