Humeur Mieux consommer

Con-sommateur ou consomm-acteur?

Avec un titre pareil, pas besoin de vous dire que je vais jouer le jeu de l’avocat du diable dans cet article et que ça risque de piquer un peu, mais un bon coup de vent pour rallumer les braises est parfois nécessaire pour animer certains débats.

Je fais quotidiennement des choix de consommation qui ne sont pas forcément très intégrés de manière générale, mais surtout, pas toujours compris et parfois perçus comme un luxe qu’ils ne sont pas.
Manger bio, végétarien (voire presque le plus souvent végétalien), savoir comment sont produits les aliments, sont des points qui font souvent de moi la reloue ou celle “qui réfléchit trop” #palmedorducommentaire.

Une histoire de volonté et de responsabilité

Je précise que mon but n’est pas de pointer du doigt ou d’accuser négativement, mais bien de donner à chacun ce qui lui appartient : sa responsabilité.

 

En effet, de nos jours, on est souvent tentés de rejeter nos fautes en tant que consommateur sur ceux qui sont au dessus : les industriels, les institutions, les lois, l’Europe, la France, les politiques … Et ce sans essayer de savoir ce qui serait faisable à l’échelle individuelle, là, tout de suite.
On cherche donc continuellement les imperfections de choses intouchables du doigt pour ne pas s’impliquer vraiment.

Vous devez certainement en avoir assez de cette phrase de Coluche, mais si personne n’en achetait, ça ne se fabriquerait pas!

Que l’on parle du made in France pour éviter l’exploitation des enfants à l’autre bout du monde ou bien de la consommation d’huile de palme, nous sommes les premiers concernés, même si nous sommes le dernier maillon de la chaîne.Petit exemple pratique et très parlant.
Si les insectes venaient à disparaître, certains oiseaux et plus gros prédateurs seraient impactés rapidement. A terme, la disparition de ces petites bêtes, si nombreuses et individuellement peu impactantes, créé un déséquilibre majeur de l’écosystème.
Et bien si je vous disais que nous sommes tous des fourmis, et que les gros prédateurs sont nos “industriels, institutions et lois”?

Tous complices

Si nous fermons tous les yeux sur les méthodes de production, nous achetons, et nous engraissons le système que nous critiquons du bout des lèvres tout en appréciant le luxe de praticité qu’il nous offre.

Une chose est certaine, on ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre, et la crémière qui va avec, avec éventuellement la ferme en super promo pour le week-end.
Alors oui, faire attention à la provenance de ses produits, c’est parfois ne même pas trouver de légumes français de saison en pleine saison, c’est supprimer une partie des marques ou ingrédients, c’est passer pour une casse burnes parce qu’on est tatillonne, c’est aussi plus cher parfois, mais finalement, c’est faire avancer sa cause à son échelle, et à une autre, beaucoup plus globale et importante.Au delà de notre confort alimentaire et de l’opulence de consommation insufflés par la grande distribution, il y a des enjeux plus importants, qui méritent à mon avis de revoir nos priorités. Nous avons tous des choix à faire, mais se cacher derrière des excuses ne nous sauvera pas des affres de nos modes de consommation : ni la déforestation, ni les massacres animaux ou humains à l’autre bout du monde, ni notre santé ne nous remercieront un jour où l’autre de nous être cachés derrière des remparts d’excuses plus ou moins valables.

Faire des choix

Alors on peut choisir deux options : consommateur, en ronchonnant vite fait pour dire que “c’est intolérable … Mais moi je ne peux pas changer parce que … ” et participer activement au système.
Ou choisir de devenir consommacteur. On fait des concessions, au prix d’efforts, certes, de notre temps, de notre argent, en choisissant des modes de production plus justes et moraux.
Ce qui est certain c’est que nous avons tous deux pouvoirs et que la liberté nous appartient de les utiliser en bien ou non.
Mais je dois dire que j’ai plus de respect pour quelqu’un qui affirme qu’il sait et ne fera rien sciemment que quelqu’un qui sait mais rejette la faute au lieu de la porter consciencieusement sur ses épaules.

 

Ca peut paraître dur, mais quand on fait des choix, on a le sentiment quand on entend ce genre de phrases qu’il est facile de changer et qu’on est favorisés, qu’on peut, nous, faire ce choix.
Comme si nos efforts étaient niés, comme si on avait une chance en plus, quelque chose qui rendait notre labeur plus doux, et que modifier tout notre mode de consommation était plus simple.

Non, devenir consommacteur, c’est du boulot. Ca veut dire repenser toute sa consommation, ça ne se fait pas en un jour, ça demande aussi de repenser au sens de ses achats, à ses vrais besoins, et finalement, à sa vie, à laquelle on retire tout le pan matériel compulsif.

Chaque jour on découvre des nouvelles absurdités du système, on a le sentiment de ne jamais venir à bout de cet hydre dont les têtes poussent par centaine quand on en coupe une, mais croyez moi : ça vaut le coup d’essayer.

Et je vous laisse sur cette citation très parlante de l’Abbé Pierre :

“C’est quand chacun de nous attend que l’autre commence qu’il ne se passe rien.”

 

Plutôt Con-sommateur ou consomm-acteur? 😉
Si ton avis diverge, n’hésite pas à m’expliquer ton point de vue!
 

 

Délia ♥ consommactrice en attente de son oscar, la guérison de la planète et du coeur des hommes

10 Commentaires

  • Très bel article, je le partage de suite ! Pour ma part je suis plutôt consommactrice, d'abord par mon alimentation et depuis peu via ma consommation de vêtements etc… Je suis convaincue que les choix de chacun peuvent modifier la donne à grande échelle, c'est pour cela que c'est important pour moi de faire ma part 🙂

    • Merci Manon !
      On en vient à repenser vraiment notre consommation dans sa globalité, et même dans des recoins que l'on n'imaginait même pas avant. Ca a commencé par la nourriture aussi, mais je réfléchis maintenant même à l'impact de mes meubles, de mes voyages … C'est vraiment une visions très élargie!
      Je le suis aussi, c'est la raison pour laquelle j'espère que de plus en plus de consciences vont s'éveiller, car il est grand temps qu'on prenne nos responsabilités et qu'on agisse en conséquence 🙂

  • Bravo pour cet article, qui a le mérite de remettre les pendules à l'heure ! Je partage à 100% ton point de vue sur la consommation et la responsabilité de chacun.

  • "ni la déforestation, ni les massacres animaux ou humains à l'autre bout du monde, ni notre santé ne nous remercieront un jour où l'autre de nous être cachés derrière des remparts d'excuses plus ou moins valables"
    Mais c'est EXACTEMENT ça qui me pousse vers le véganisme! Je n'en peux plus de vivre avec des contradiction, je n'arrive plus à me cacher derrière des excuses qui ne sont plus du tout valables à mes yeux! Je dis toujours qu'il faut éduquer, informer les gens, pour qu'ils sachent ce qui se passe derrière ce qu'ils achètent, parce que soyons clairs, peu de gens s'y intéressent vraiment ou bien ferment les yeux et se bouchent les oreilles en chantant très fort, et ça ça m'agace prodigieusement. Ensuite à eux de faire ce qu'ils jugent être les bons choix. Sur l'exemple du véganisme, si ça ne dérange pas une personne de manger des bouts d'animaux tout en étant conscients de ce qui est dans leur assiette et des étapes par lesquelles leur bouffe a transité, alors OK, qu'ils en mangent, je ne cherche pas à convertir le monde par la force. Mais moi, je ne peux plus le faire, si je devais tuer un animal de mes propres mains pour en faire des nuggets, j'en serais totalement incapable, alors il n'y a aucune raison que je paye quelqu'un d'autre à le faire pour moi! Mais je préfère 1000 fois quelqu'un qui me dise "ouais c'est un animal mort mais ça me pose pas de problème" plutôt que "meeeuh nan il souffre pas, pis de toute façon si on mange pas de viande on meurt, et t'as pensé aux éleveurs, ils aiment leurs animaux et c'est impossible de vivre sans tuer d'animaux pasque même quand on fait un champ on en tue, et t'imagines même pas tout le soja OGM que tu mange en plus ça fait pousser les seins, etc"

    • Et oui ! Et parfois c'est difficile de se placer dans la situation où on est la personne qui fait ressortir ces contradictions, on apparaît forcément comme désagréable alors que c'est pas du tout le sujet!
      Et comment te dire que je suis mille pourcents d'accord avec toi : l'important c'est d'acheter ce qui est en accord avec nos valeurs profondes. Mais il faut déjà s'être posé vraiment la question ;), et sur ça, je trouve que les marketeurs font un boulot du tonnerre : je ne blâme qu'eux dans cette histoire.
      La viande, c'est simplement des animaux, heureux, qui broutent et qui finissent par mourir gentiment. Tout est fait pour déculpabiliser, donc fatalement, ça marche!

    • Pour moi la démarche prend racine plus profondément et tend à pencher vers le véganisme. S'il m'arrive encore de consommer très rarement des produits laitiers, je ne peux pas m'empêcher de penser aux veaux, vaches et aux traitements qu'on leur inflige.
      Petit à petit je décide de réduire mon impact sur la vie d'autrui, et je dois dire que ça fait du bien 🙂

  • En réalité ce n'est pas forcément plus cher de choisir mieux, parce que choisir du conventionnel qui pollue et détruit la nature ça a un coût que l'on retrouve dans nos taxes (dépollution de l'eau, ordures ménagères). Je disais récemment à mon chéri, même si je sais que mon action seule n'a que peu d'impact si le reste des personnes ne font rien, pour autant je ne pourrais pas décider de m'en foutre. Végétarienne depuis des années, je limite de plus en plus la consommation d’œufs (les derniers qui sont arrivés chez moi m'ont été donnés donc très petite production) et de fromage (sur ce point je commence à regretter d'y avoir donné goût à mon amoureux quand on s'est connus !). A la rentrée je vais m'organiser pour limiter mes achats de gâteaux pour le goûter et brioche pour le petit déjeuner.

    • Je suis entièrement d'accord avec toi, d'autant que de ce que j'ai compris, les subventions du bio sont en train de se faire enterrer, donc …
      Il y a un moment où il est difficile de revenir en arrière quand on prend conscience des choses, quand bien même on peut être tenté en ayant eu des échecs ou des difficultés avec ce qu'on a changé.
      Chaque petit geste est important, surtout pour soi. Je pense que c'est une démarche au fond autant généreuse qu'égoïste ; on le fait pour d'autres vies, pour la planète, et puis au fond aussi pour ceux qui s'en moquent, mais surtout pour soi, pour se sentir plus en accord avec ses convictions profondes, et ça tu vois, c'est hyper important je trouve!

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